Hénin-Beaumont, Juin 2022


Nous vivons une période politique inédite et troublante, dont l’évolution crée beaucoup d’incertitudes.

L’avenir politique du pays est difficile à prévoir.  Mais cela ne doit pas, bien au contraire, nous empêcher d’agir pour tracer la route d’un futur désirable, en œuvrant à placer l’écologie politique au cœur des recompositions à venir et des victoires de demain.

En tant qu’écologistes, nous savons mieux que d’autres les deux impératifs que sont l’anticipation et l’adaptation. Dans ce contexte politique qui a évolué plus vite que nous, nous devons les garder bien en tête : ils nous obligent à nous efforcer de changer et à nous fixer une nouvelle ambition collective, pour remplir le plus efficacement possible nos missions de mouvement de l’écologie politique.

Nous savons aussi que nous vivons une de ces périodes que Gramsci qualifiait ainsi: « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».

Nous, écologistes, sommes pionniers dans l'appréhension des limites de l'ancien monde et des solutions pour passer au nouveau. Chaque crise que notre monde traverse - la  pandémie de covid-19 et le conflit ukrainien en sont deux exemples récents -, soulignent l’acuité des problèmes que nous pointons et des réponses que nous y proposons.

Cela ne nous donne par contre aucun droit, et ne suffira jamais à nous imposer comme une évidence électorale, ce que l’année 2022 a démontré.

Cela nous confère par contre beaucoup de devoirs et fait peser une lourde responsabilité sur notre mouvement. En clair : cela nous oblige.

Pour que notre action politique soit efficace, utile et à la hauteur, à l’heure où les urgences écologiques mais aussi sociales et démocratiques se font de plus en plus criantes, notre mouvement ne peut se contenter, comme il l’a déjà beaucoup fait, de dire qu’il va se dépasser (sans ne jamais le faire réellement d’ailleurs).

Faire comme nous avons toujours fait ne suffira pas : nous devons nous surpasser.

C’est cela qui doit constituer notre promesse écologiste à celles et ceux pour qui nous nous battons. Nous leur devons bien ça.


Car pour l’instant, l’habitabilité de la planète et donc la survie de l’humanité ont beau être en jeu à moyen terme, nous n’en demeurons pas moins incapables de mobiliser une frange importante de la population française autour de cet enjeu.

Bien se nourrir, bien se loger, vivre de son travail sans s’y épuiser, préserver les ressources de la planète, assurer son avenir et celui de ses proches, profiter de la vie et de la beauté de la nature en restant en bonne santé le plus longtemps possible : la satisfaction de ces aspirations essentielles est au coeur de notre projet politique, mais les Français·es ne nous en font pas crédit.

Notre organisation, notre vocabulaire, notre incarnation ne nous permettent pas d’être perçus comme pouvant répondre à ces aspirations. Pour une vaste majorité de la population, le pari de l’écologie n’est ni le gage d’une vie meilleure, ni un canal légitime pour les luttes sociales.

En somme, les Français plébiscitent de plus en plus l’écologie mais pas les écologistes. Pour le dire autrement : nous ne sommes pas populaires.